Voici le début du discours prononcé par Eric Sanvoisin, lauréat de notre concours 2010, lors de la remise du trophée BCI au Centre Culturel Tjibaou, le 27 octobre 2010.
Tout d’abord, permettez-moi de retourner un an en arrière. J’ai demandé à Marie-Aude Murail, lauréate du prix Livre, mon ami 2009, auteur que j’admire beaucoup, si elle avait un petit billet d’humeur à vous transmettre et voilà ce qu’elle m’a répondu : «Dis-leur : Après être allée si loin pour me sentir si proche, tous les pays du monde me paraissent désormais à portée de main. Et j’ai des images en moi, comme des moments de magie, pour jusqu’à la fin de ma vie.» Voilà qui donne le frisson !
A mon tour de vous donner mon sentiment. J’ai aimé ce voyage qui n’en finissait pas parce qu’au bout, il y avait vous, vous tous, bénévoles de Livre mon ami, enseignants, bibliothécaires, parents, enfants et ce coquin de vieil alchimiste qu’est monsieur le vice-recteur !
Moi, je ne suis pas un vrai alchimiste mais j’ai trouvé de l’or, ici. Chaleur humaine, à défaut d’avoir de la chaleur tout court…
J’ai aimé ce Caillou que je découvrais pour la première fois. Je ne parle pas seulement des hôtels et des restaurants, mais des paysages et des gens. Partout j’ai été merveilleusement accueilli au point que je me suis demandé une fois si je n’étais pas au fond le roi de Nouvelle-Calédonie.
Soyons humble et modeste, et surtout prudents, car en France, on coupe la tête des rois. Alors je me méfie… J’ai aimé les enfants, souvent d’une timidité excessive, qui croyaient, les pauvres, que j’étais une personne célèbre. Je suis aujourd’hui bien plus connu en Nouvelle-Calédonie qu’en France ! Ça, c’est drôle et si vous riez, je ne me vexerai pas. Car je suis comme mon écriture, naïf, simple et direct, parfois maladroit, mais toujours sincère.
Il m’arrive de commettre des gaffes en voulant bien faire… J’essaie de me soigner. Je sais à mon grand âge (pardon pour ceux qui ont plus d’années que moi) qu’on ne change pas vraiment. On le prétend, on s’y efforce, la nature première revient toujours au galop, comme vos chevaux calédoniens.
J’ai aimé les adultes, que j’appelle souvent les vieux, par affection plus que par ironie, qui savaient bien eux que je n’étais pas un extraterrestre descendu d’une soucoupe volante. Les enseignants qui ont réclamé et préparé ma venue. Les parents qui m’ont accueilli à bras ouverts. Je me rappelle notamment d’une maman qui a chanté pour moi, de ces papas et mamans qui ont cuisiné pour moi et de ce petit chef de tribu, à Arama, qui m’a accompagné de 10h00 à 15h00 et avec qui j’ai connu ma première coutume.
Il y a tant de gens à remercier… à commencer par les bénévoles de Livre mon ami. Je ne peux pas les citer tous sans en oublier et sans faire de jaloux. Alors je dis un grand merci à tous, tout droit sorti de mon cœur. Je suis là grâce à vous tous et un tout petit peu grâce à Tinaël, Lilaé, Awena, Zosime, Flamel… Et là je peux en oublier, je sais qu’ils ne se vexeront pas puisqu’ils sont moi !
PS : je précise que j’ai écrit ce petit discours coquin d’une traite, sans rien corriger, parce que ma spontanéité est ce qu’il y a de meilleur en moi.
Et un dernier mot, ou plutôt une pensée pour ma femme et mes enfants à qui j’ai tant manqué, et qui m’ont tant manqué. Mais vraiment, je ne pouvais pas faire autrement que de venir ici, parmi vous. Merci pour cette belle aventure.
J’ai des images en moi, comme des moments de magie, pour jusqu’à la fin de ma vie.